samedi 15 août 2015

Des vies en mieux d'Anna Gavalda


Editions J'ai lu - Date de sortie : 20 mai 2015 - ISBN 978-2290115015 - 448 pages
Résumé
Billie a 13 ans. Elle n'a connu que les coups et la misère. Un matin, en classe, elle découvre On ne badine pas avec l'amour d'Alfred de Musset et l'amitié. Sa vie va changer.

Mathilde a 24 ans. Un jour, elle oublie son sac à main dans un café. Un homme le lui rend la semaine suivante et, à cause de cet homme justement, elle décide de changer de vie.

Yann a 26 ans. Un soir, il rend service à son voisin de palier qui l'invite à dîner pour le remercier. Au cours de cette soirée, il réalise que sa vie n'a aucun intérêt et qu'il doit tout recommencer.

Trois prénoms. Trois histoires. Trois jeunes gens d'aujourd'hui, déterminés et courageux, qui préfèrent encore se tromper de vie plutôt que de n'en vivre aucune.
Mon avis
Ce livre est la réunion de "Billie", sorti en 2013, et "La vie en mieux", sorti en 2013. Trois longues nouvelles, ou novellas (petits romans) que j'appréhendais un peu de commencer, tant j'ai lu de critiques déçues, voire négatives. Pour ma part, j'ai tout lu de l'auteur, et son roman que je préfère est La Consolante que j'avais gratifiée de 5 étoiles lorsque je l'ai lue en décembre 2010. Et puis, les verres de jus de fruit sur la couverture ne sont pas pour rien dans mon choix, en cette période de canicule !!
Les premières pages de Billie m'ont prises par surprise, j'ai failli arrêter ma lecture à cause du style un peu cru, du langage limite vulgaire. Mais c'était sans compter sur le talent d'Anna Gavalda, qui sait nous attraper par le coeur avec ses personnages tellement vrais, tellement attachants. 
Billie donc, nous raconte sa vie en parlant à une étoile, pendant qu'elle est coincée dans une faille des Cévennes avec Franck, son ami. C'est lui qui l'a fait sortir des Morilles, le quartier misérable de son enfance, après une interprétation commune d'On ne badine pas avec l'amour de Musset.
Mathilde. Son parler "branché" fait hiatus avec la conception que l'on peut avoir des étudiants en Histoire de l'Art, dont elle fut un élément atypique comme le suggère le sujet envisagé pour sa thèse : les caravanes d'aquarellistes et autres roulottes pour peintres en plein air !! Elle est un peu paumée depuis le décès de sa mère, sur-consomme alcools et mecs. et vit en coloc avec des jumelles un peu bourges. Et puis elle va rencontrer JB, le cuisinier pas vraiment son genre mais qui saura la toucher au coeurLa lettre envoyée par son premier amour est un morceau d'anthologie (p 273 à 277). 
Yann. Choc d'une rencontre entre voisins, au cours de laquelle Yann touche du doigt ce qu'est l'amour, bien différent de ce qu'il vit dans son couple. Pour qui, comme moi, se pique d'écrire, la description en listes de la cuisine d'Isaac et Alice (p 371 à 374) est un pur bonheur de lecture, tant transparaît le plaisir qu'a pris l'auteur à la laisser filer au gré de sa plume.
J'ai beaucoup, beaucoup aimé ces trois histoires, qui sont un appel du pied de l'auteur au lecteur, pour (re)devenir acteur de sa propre vie. J'ai aimé à nouveau cette langue, parcourue de références à des poèmes, des chansons, des oeuvres d'art, Totor Hugo, Rimbaud, Musset, références qui créent une connivence avec le lecteur attentif. 
Anna Gavalda a une faculté inouïe à entrer dans les émotions de ses personnages, et à les transcrire pour capter le lecteur qui, de fait, devient incapable de les abandonner et s'en souvient longtemps après que le livre soit refermé. Des univers différents pour les trois novellas, mais tout aussi foutraques les uns que les autres, une sorte de folie douce, dans laquelle je me suis laissée emporter avec un vrai plaisir.
Cette lecture fut donc pour moi une véritable jubilation, un coup-de-coeur-2.jpg.

Ma note 18.5
Citations
*- Mais Yann... mon jeune ami... Bien sûr que je la connaissais. Les gens qu'on aime, on ne les rencontre pas, voyons, on les reconnaît. (dans Yann)
*Ca arrive à tout le monde de se faire niquer par son âme, non ? Cette petite bulle, là... cette salope qui remonte sans crier gare pour te rappeler que ta vie ne t'arrive pas à la cheville (...) Les gens à qui ça arrive, c'est qu'ils ont renoncé. Ou mieux, même, tellement mieux et tellement plus confortable : qu'ils n'ont jamais éprouvé le besoin de se mesurer à... je ne sais pas... de se mesurer tout court, de se toiser en face. (p 381 dans Yann)
*Maintenant, et même si ça ne se voit pas à l'oeil nu, je suis recroquevillée sur le bord de la vie et j'attends qu'elle passe. (dans Mathilde)
*Quel goût avait-elle, ta bien-aimée ? s'enquièrent les 26 lettres du seul alphabet que l'on m'eût jamais appris et dans quel ordre nous rangerais-tu, toi, si tu nous mettais au défi de lui apprendre ? (...) Terrifiant mélange de lait maternel et de morve de bête en rut (extrait de la lettre, dans Mathilde)
*Ma mémé Saint-Quay m'a expliquait que l'on reconnaissait le bonheur au bruit qu'il faisait en partant. (...) Eh bien, l'amour c'est le contraire. L'amour, on le reconnaît au souk qu'il fout en débarquant. (p 382 dans Yann)

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